|
Cinq filles couleur pêche
ballet saumon
Vendredi 5 septembre 2003 ; le rideau s'ouvre sur une
chambre cossue. Des fleurs sur l'affiche, mais des fleurs
aussi au tissu des fauteuils, et jusque sur la moquette, sur
les poufs. Quelques notes de fuschia
plusieurs
sièges et un lit blanc. Nous sommes dans le Sud
des Etats-Unis (celui du texte d'Alan Ball -American Beauty
).
On ne la «fait pas» à nos cinq filles
!
Pour la couleur annoncée, pas de surprise :
pêche, pêche, pêche ! Pêche aussi,
les cinq robes Poupée Barbie qu'elles ont consenties
à revêtir pour être les demoiselles de
compagnie au mariage de leur amie, Sandy. Mais ces
demoiselles jurent comme des charretiers
enfin comme
des jeunes filles américaines. Elles se racontent
leur cinq vérités, coincées dans la
chambre du haut, cette jolie bonbonnière,
plutôt boîte de Pandore d'où finiront
bien par sortir tous les mots de la Terre ! Avec humour,
bien entendu.
Ca fume, ça boit, ça
débine
oreilles chastes s'abstenir ! L'une
n'en peux plus et retire ses chaussures puis finalement sa
robe, l'autre pense arracher le rideau pour s'en faire une
robe à la Autant en emporte le vent
mais cette
fois, elle n'a pas choisi le papier peint ! («ah! ah!
ah!» dans la salle !)
Au fait, connaissent-elles vraiment cette Sandy, la
mariée ? Car c'est plutôt d'elles, de
leurs envies, de leurs désirs, de leurs petits
secrets dont il va être question.
© alain martin
Toutes les filles
et Julia accoudée au
fauteuil
Les dessins exclusifs
Julia serait-elle la plus sage ? Julia (Irène
Jacob), plus calme ? Oui. Non. Enfin, elle se
révèle un peu plus tard !
Irène entre en scène au bout de quelques
minutes (sur son jeu, rien à dire : du sérieux
et de la légèreté
).
Première réplique de Julia :
"Alors j'aurais pu être là plus tôt mais
je me suis fait coincée sur l'parking par une
espèce de ringard comme toujours avec soi-disant une
histoire : "
c'est formidable de te revoir, on
peut ressortir ensemble ?" Alors, pour qu'il me lâche,
je lui ai dit : "Mais ouais bien sûr, t'as 600 dollars
?
" (La suite au théâtre !)
Ensuite, Julia plombe aussi les copines, précise
qu'elle s'est tapé pas mille, non, mais au moins une
centaine de mecs et fume un joint pendant la pièce
(c'est Margaret qui l'a apporté)
Quelques jours avant la première, tout n'était
pas calé, il manquait quelque chose
d'indéfinissable
N'ayant pas l'assurance de
Julia et des autres, d'Irène qui descend des planches
et vous dit : « Oui, oui, c'est normal, nous ne
sommes pas tout à fait prêts »
(à 48 h de la première !!!), la
perplexité pouvait vous gagner. Le metteur en
scène, Yvon Marciano, surchargeait son texte
d'annotations : il semble qu'elles aient servis !
De l'importance du public
Car, à l'heure dite, la pièce
démarrait et les six comédiens nous emmenaient
dans ce qui pourrait bien être un succès de la
rentrée. L'occasion en tout cas, comme sait si bien
le faire l'Atelier, de découvrir un texte
américain, ici une chambre avec cinq filles à
l'intérieur : imaginez le tableau
Non, allez
voir ! Car comme nous le précisait Irène
Jacob : "c'est plus une pièce à jouer et
à voir
qu'à lire dans son fauteuil"!
Courant octobre, la pièce roulait vraiment sur ces
rails. Si la durée totale de la pièce a
été légèrement rallongée,
les dialogues paraissent pourtant plus vifs et il doit y
avoir un petit dixième de seconde de moins entre
répliques, cette sensation que l'une coupe presque la
parole de l'autre, qui les rend plus aggressives et
vivantes. Détail auquel s'ajoute quelques gestes
réétudiés, plus forcés parfois,
'(dans le jeu de Brenda par exemple). Quant aux robes,
toujours aussi capricieuses autour d'elles ! Enfin, Trip,
lui qui arrive si tard dans ce monde de fille, va finir par
imposer sa présence (ce qui n'était pas
évident le mois dernier) !
Ce sera donc un de ces textes qui vaut surtout par la mise
en scène et la rencontre des interprètes et du
public (on suppose l'un et l'autre prêt à
renouveler le pacte dans cette salle fétiche, celui
de "Résonances" en 2000)? Du vrai
théâtre, en somme.
Dans la boîte de Pandore, il reste bien quelque chose
à la fin, non ?
[am, 6 sept 2003]
Merci à Irène
Jacob. (am, sept 2003)
|
|
©am
Confidences
©am
Tripp et Julia
©am
Le final, ou presque
©am
|
|
|
|
Cinq filles couleur pêche (2003)
de Alan Ball, (Five women wearing the same
dress, adaptation théâtrale d'Yvon
Marciano et Anny Romand, mise en scène
d'Yvon Marciano (assistante : Caroline Gonce).Du 5
septembre 2003 au 3 janvier 2004
Théâtre de l'Atelier,
www.theatre-atelier.com
Environ 1h40, sans entracte.
Irène Jacob est Julia
(La copine "belle comme une Rolls" : elles
l'aiment)
Avec aussi :
Georgia : Camille Japy (Grande blonde
malheureuse)
Brenda : Elisabeth Vitali,
(Tonique : adore les petits fours
et les
filles)
Margaret : Constance Dollé, (Rêve de
mettre la pagaille à ce mariage)
Frances : Adriana Santini,
(Ne boit pas, ne fume pas, ne drague pas -au
désespoir de ses amies- : elle est
croyante)
Tripp : Michael Cohen
(Un homme, enfin, pénètre dans la
chambre !)
Décor : Olivier Prost
assisté de Marie-Hélène
Prost
Lumières : Pierre Befve
Son : Vincent Butori
|
|
|
|