Jeanne au Bûcher

Irène à l'Opéra napolitain


© Franco Lannino/Studio Camera/Palermo

Début 2003, Irène Jacob était la récitante inspirée à Palerme. Peu ont pu, hélas, faire le voyage. Retour sur cette rareté, la comédienne nous ayant confié des photos et quelques souvenirs…

Jeanne :
… tous ces temps, tous ces temps que voici,
J'ai vu beaucoup de plumes à l'œuvre autour de moi.

Frère Dominique :
Tout cela a fait un livre.
Jeanne :
… la comprends-tu maintenant cette épée que Saint-Michel m'a donnée ? Cette épée ! Cette claire épée ! Elle ne s'appelle pas la Haine, elle s'appelle l'Amour !

Certains prénoms évoquent immédiatement un personnage : Irène* c'est… Irène Jacob, Jeanne* c'est… Jeanne d'Arc ! L'une et l'autre évoquent un combat pour reconquérir la paix. Celui de Jeanne finit mal.
Jeanne d'Arc au Bûcher nous propose un voyage à rebours, à l'approche du supplice… quand elle va être sacrifiée, livrée à l'évèque Cochon (où l’on entend pourtant plutôt les moutons : « bê bêê bêê »).
Jeanne d'Arc ne sait pas lire, mais Frère Dominique lui explique comment la mémoire de ce qu'elle a accompli pourra se perpétuer par un livre !
Mais comment se préparer à mourir brûlée vive ! Elle devra affronter le bûcher, seule, et se libèrer de son corps et de la souffrance…

Claudel entre mystique et blasphème…

N'ayant pas recommencé le voyage de Tancrède à Palerme (malgré les trésors que nous promettait cette ville) et personne ne nous ayant contacté pour donner un avis sur le spectacle, nous désespérions de vous en dire plus. Merci donc à Irène Jacob d'avoir confié photos et revue de presse, et au Teatro Massimo d'en avoir accepté la reproduction.
Irène Jacob est récitante. Mais son récit est terrible : en réponse à Frère Dominique qui a entrepris d'écrire un livre sur elle, Jeanne évoque les événements qui ont précédé, mais surtout, prise par la peur au moment d'être brûlée, doit trouver en elle la force d'accomplir l'ultime sacrifice.
Quantité de personnages, d'animaux, la musique bien sûr mais aussi des choeurs d'enfants, des visions, des projections d'inscription se succèdent sur la scène du Teatro Massimo transformée en Grand-Place.
Irène Jacob a dû puiser dans toutes ses ressources de comédienne de théâtre pour incarner Jeanne. La presse italienne salue sa performance (voir plus bas). Un récit, oui mais quel récit !
Irène Jacob s'est dit impressionnée par la mise en scène et le souffle qui ont soutenu ce spectacle : un « oratorio expérimental » de 1938 qui méle récit, chant, mime et danse, où alternent les scènes mystiques et des épisodes grotesques, irrévérencieux, à la limite du blasphèmatoire.
Le travail conjugué d'Honneger et de Paul Claudel avait concrétisé ce paradoxe, montré ce grouillement, cette agitation de la fin du Moyen-Age qui suivit une jeune fille venue sauver un roi, mais finit aussi par la juger et la brûler. La nouvelle mise en scène de Daniele Abbado et la direction musicale de Stefan Anton Reck ont visiblement réussi à lui redonner sa… flamme !

Merci à Irène Jacob pour la revue de presse et au Teatro Massimo (Mario Pintagro) & Studio Camera pour les photos !
 

 



© Franco Lannino/Studio Camera/Palermo


© Franco Lannino/Studio Camera/Palermo

Jeanne au Bûcher (2003)
Représentations en janvier 2003 au Teatro Massimo de Palerme.
Irène Jacob est Jeanne d'Arc.
Avec aussi :
La Vierge : Gabriella Costa/Elena Poesina
Porcus/Le clerc : Jeremy Ovenden/Juan Carlos Valls
Jeanne d'Arc : Irene Jacob
Frère Dominique : André Wilms
Jean de Luxembourg : Claudio Petrì…

Direction d'orchestre : Stefan Anton Reck
Mise en scène : Daniele Abbado
Scenografie: Giovanni Carluccio
Costumes : Carla Testi
Regie Video: Luca Scarzella
Chorégraphie : Giovanni Di Cicco…
Eclairage : Bruno Ciulli…
Orchestre, chœurs, corps de ballets, sujets et chœurs "Coro di Voci Bianche" du Teatro Massimo de Palermo.

 


© Franco Lannino/Studio Camera/Palermo