Irène Jacob en tournée dans
La Métamorphose version
androïde
La comédienne est revenue du Japon où
elle a travaillé sept semaines à la
pièce La Métamorphose version androïde
de et mise en scène par Oriza Hirata,
d'après La Métamorphose de Kafka. Le
spectacle était en tournée fin 2013 dans
différentes villes de France.
L'histoire de Kafka est doublement transposée.
D'une part le contexte évoque une guerre
« en
Méditerranée », avec les
problèmes économiques, sociaux et politiques
à l'avenant, d'autre part l'enfant se réveille
non pas sous la forme d'un insecte mais celle d'un
androïde. Oriza Hirata collabore avec
le professeur Ishiguro, spécialisé en
robotique : ils ont mis au point un androïde
« capable de tenir un
rôle » (projet du Robot Theater Project
de l'université d'Osaka). La nouvelle identité
de Grégoire Samsa, la confrontation entre l'homme et
la machine et le trouble qu'elle créé sont
également au cur de la pièce :
qu'est-ce qu'un homme, où commence la machine ?
Si vous avez raté le début : Grégoire ne peut pas se lever, ce
matin-là. Il découvre avec stupéfaction
qu'il ne peut bouger que la tête. Le restant de son
corps est un androïde dont on voir clairement les
pistons et les bras métalliques.
Comme ses parents l'appellent pour le petit déjeuner,
il gagne du temps, leur demande deux minutes et de faire
venir sa sur.
Dans cette situation extraordinaire, dès les
premières phrases, le ton est donné avec ces
petites phrases du quotidien, avec lesquelles Hirata tisse
le texte de ses pièces :
« Grete, y' a Grégoire qui
t"appelle !
Greta, t'aurais pas juste deux secondes; viens, j'te
dis
Grégoire t'es tou ?
Grégoire, tu fais quoi ?
Qu'est-ce qui s'passe ? A quoi tu joues Grégoire ?
Chéri, tu peux venir deux secondes
? »
Un théatre anti-spectaculaire L'introduction d'un androïde dans un spectacle peut
très vite tourner à la performance. Un
écueil évité par Oriza Hirata, qui ne
cherche pas là la ressemblance humaine (contrairement
à ses Trois surs où la peau et
les habits de l'androïde allaient dans le sens d'un
plus grand trouble et d'une plus grande technologie). La
nouvelle forme de Grégoire est comme
stylisée : un corps aux mécanismes
apparents et un masque blanc qui tient plus du
théatre Nô que de la copie de l'humain. Cette
affaire évacuée, le spectateur peut
écouter ces phrases banales, observer le quotidien
chahuté de cette famille encore sous le choc, puis
l'apprentissage de nouvelles relations.
« Je te dis que c'est moi, Grete !
» répète Grégoire.
Et, plusieurs fois, il devra convaincre ses parents et sa
sur que c'est bien lui, qu'il ne fait pas
« son intéressant ».
Grégoire dit souvent : je suis
désolé. Il s'excuse, continue de
marteler que c'est bien lui enfin, il lui
semble :
« Non, mais vous savez, moi aussi, j'ai du mal
à y croire ça, je crois que c'est
moi »
A la situation d'étrangeté des
premières minutes succède le rythme lent de la
pièce : chacun des nouveaux dialogues de
Grégoire avec ses parents est l'occasion d'apprendre,
aussi, que le monde extérieur continue à
vivre : une guerre à l'étranger, des
réfugiés clandestins dans la ville, la
grève pour une menace de délocalisation, le
père peut-être bientôt au
chômage
Passé le choc de la découverte, la mère
se souvient : Grégoire était leur premier
enfant, ça ne s'oublie pas.
L'humanité et le sens de l'humour de Grégoire
sont intacts, aussi, quand il conclut :
« je suis un robot, et je ne peux même
pas travailler »
D'ailleurs sa mère lui fait remarquer que le simple
fait de s'inquiéter de la disparition progressive des
sensations humaines, telles que de faim, ou de douleur,
prouve bien qu'il n'est pas un robot.
Et puis une nouvelle question se pose : comment
expliquer l'inexplicable à un nouveau protagoniste,
le médecin qui devait s'installer dans la maison, en
tant que locataire ?
Un théatre en coulisses Comme Irène Jacob le soulignait lors de la
rencontre au Théâtre de la Foudre le 13
novembre 2014 (voir plus bas), il se passe beaucoup de
choses en coulisses, dans la Métamorphose
androïde comme dans le théâtre
d'Hirata, en général. La
sobriété des décors et du jeu permet et
soutient le travail de notre imaginaire sur tout ce qui peut
bien se passer à l'extérieur de
l'appartement : non seulement ce que les parents
peuvent se dire (ou pas) hors champ, mais aussi tout ce
monde de crise et de guerre qui nous est peu à peu
révélé au fil des conversations. Rien
que pour cela, la pièce vaut le détour.
Si loin, si proche Cette métamorphose-là nous est à la
fois proche et lointaine. Proche, parce que la situation
étrange dans laquelle bascule Grégoire nous
interpelle forcément et on a bien compris que
l'apparence ne change rien à l'affaire : que
Grégoire se transforme en insecte (comme dans le
texte original de Kafka), ici en androïde ou en
n'importe quoi, c'est toujours notre regard et celui des
autres qui écriront la Métamorphose.
Lointaine, parce qu'on n'est pas sûr d'adhérer
aux propos d'un Hirata, déclarant lors de la
rencontre après la représentation du 13 :
« D'un point de vue purement scientifique, il
n'y a aucune différence entre un robot et un
être humain. Et la question qui se pose, c'est :
est-ce que nous pouvons continuer à vivre en
temps qu'être humain ? »
Même si l'on sait la part grandissante des
androïdes dans notre future proche et si les techniques
les plus en pointe traitent des interactions entre le vivant
et la robotique, les Européens (et les
Français ?) n'ont peut -être pas encore
cette passion et cette confiance pour les alter ego
robotiques que le metteur en scène semble apporter
avec lui. D'ailleurs, les dernières questions de la
rencontre ravivaient les phénomènes de rejets
des androïdes et la compétition homme-robot. On
frisait le hors-sujet. Quoique
Pour conclure On est loin de la froideur qu'on pourrait attendre d'un
spectacle avec robot.. Effectivement,
La Métamorphose androïde unit la famille
autour du Cas Grégoire : après
l'incrédulité et la consternation, il ne
s'agit plus de savoir comment cela est possible ni comment
le robot fonctionne (au fait, d'où tire-t-il son
énergie?), mais comment vivre maintenant, comment
l'accepter et lui parler, avec sa nouvelle apparence. Un
théâtre tranquille donc (voir aussi
ci-dessous, compte-rendu de la rencontre de Rouen) mais qui
interroge.
[am, 22/11/14]
Et aussi
Irène Jacob expliquait dans une interview
reprise dans la vidéo de l'AFP que « La
contrainte, c'est le timing », les
comédiens doivent si adapter. Quant au robot :
« on voit clairement que c'est une machine,
mais, parfois, il commence à répondre, il a
une voix humaine, une petite expression qui nous trouble
» Elle parle d'un vertige, dû à
ces allers-retours entre les moments où on ne voit
là qu'une machine et ceux où l'on doute. Oriza Hirata déclare, lui, avoir voulu
« créer une situation dans laquelle un
robot pouvait émouvoir le public », ce
qui n'est pas le cas, habituellement.
Quand Irène Jacob nous a envoyé un message du
Japon en octobre, c'était déjà la
dernière, là-bas.
La Métamorphose avait été
répétée à Paris en juin puis
à Tokyo début septembre 2014, puis
jouée les 3 et 4 octobre au Kinosaki
International Art Center et enfin à Yokohama. La
comédienne parlait de la poésie
d'Oriza, découverte au quotidien en
répétitions et pendant les reprises.
Après six semaines au Japon, pour qualifier l'auteur,
elle utilise les mots humilité,
intelligence et surtout émotion
Le jeudi 13 novembre au Thétre de la Foudre du
Petit-Quevilly (près de Rouen) une rencontre
avec lieu après le spectacle avec Oriza Hirata et les
comédiens : Irène Jacob, Laetitia
Spigarelli, Jérôme Kircher et Thierry Vu Huu.
Extraits : Quand, pour le présenter, on définit
Hirata comme « l'artisan d'un
théâtre tranquille, un théâtre
sans effet, assez banal,
anti-spectaculaire. », il répond que
« c'est plutôt que le
théâtre européen qui est bavard. Je
souhaite décrire la vie en utilisant nos
conversations quotidiennes ; le public peut alors
imaginer les choses, d'après les
silences. »
Le Robot Theater Project est déjà dans
sa septième année. Oriza Hirata
poursuit : « Les chercheurs ont
toujours envie de montrer la capacité des robots. on
s'intéresse alors aux technologies mais pas à
l'émotion. Ils pensent que plus le robot est
développé, plus il peut se comporter comme
s'il avait du cur. Mais c'est plutôt lié
à ce que nous voyons et ce que nous ressentons
qu'à la qualité du robot. »
Irène Jacob explique à un spectateur
que « le robot procède par boucles de 3,
5 voire 8 minutes pendant lesquels il effectue ses gestes.
Au départ il a été réglé
en fonction du temps dont nous avions besoin pour notre jeu.
Il a fallu une semaine. Maintenant, nous jouons avec ce qui
a été fixé.»
Autre question de la salle : « Mais cela
n'oblige-t-il pas les comédiens à surveiller
le minutage, n'est-ce pas stressant ? »
Jérôme Kircher répond :
« Au Japon, il y a un principe, c'est qu'on ne
stresse jamais, quand on joue. Nous sommes entourés.
Et puis, aussi, à l'intérieur de cette
contrainte qui est de dire sa réplique en deux
secondes et demie, ni plus ni moins, on peut s'amuser : il
se passe des choses différentes tous les
soirs. »
Thierry Vu Huu confirme :
« c'est comme pour un danseur ou dans la
musique : on a une partition à suivre, mais
c'est agréable. »
Quant à Laetitia Spigarello, le robot est
pour elle un partenaire comme un autre «
après tout, au théâtre, on
répète le même texte chaque
soir. ». Et quand l'androïde est
tombé en panne, elle a appris, sur le temps.
Oriza Hirata a mis en scène comme
d'habitude : « je ne cherche pas les
indications psychologiques ou sentimentales, même avec
les comédiens humains : je ne dis jamais tu le
joues plus triste ou plus gai »
Il se passe beaucoup de choses en coulisse…
Irène Jacob remarque
encore que « dans les précédentes
pièces, Oriza avait travaillé avec des robots
qui avaient vraiment l'air d'homme alors que cette fois,
d'entrée de jeu, c'est une
machine. »
Sur le jeu, elle précise : « c'est
aussi un théâtre où beaucoup de choses
se passent en coulisses. Au Japon, quand nous l'avons
joué, je demandais aux spectateurs quel était
le moment qui leur avait le plus plu. Et plusieurs personnes
m'ont dit : c'est quand le père pleure,
à la fin, dans les coulisses. Je n'étais
pas sûre qu'on ait les mêmes réactions en
France ! On m'a expliqué que souvent, dans les
pièces d'Oriza, ça se passe effectivement dans
les coulisses. Dans la Métamorphose androïde, il
y a donc tout un hors champ, que l'on ressent dès le
départ avec cette famille qui part. Et petit à
petit, on va comprendre que dehors il y a la guerre, il y a
la grève, le chômage et les
réfugiés. Il y a de plus en plus de choses
terribles Et ces murs transparents commencent à
ne plus avoir de hors champ.
Laetitia m'a dit: tu ne peux pas pleurer dans cette
pièce, parce que si tu pleures, on pleure tout le
temps. »
Q « La plupart du
temps, dans la littérature ou au cinéma, on
affronte les robots ou l'on collabore avec eux, et
l'utilisation de la Métamorphose est
intéressante, ici, dans le sens où l'on pointe
sur ce qui peut vous arriver à vous, et que se
passe-t-il quand cela arrive à quelqu'un que vous
aimez, comme votre fils ? D'où est venu le choix
de la Métamorphose de Kafka. Hirata a-t-il
pensé à une autre œuvre ? » OH. « J'ai écrit
cette œuvre en me demandant ce que serait la
Métamorphose si elle était écrite
aujourd'hui. Par rapport à l'original, la
pièce est plus chaleureuse, il s'agit plutôt
ici d'une famille. »
Un robot plus interactif : ça ne
m'intéresse pas !
Q. « Y a -t-il eu des
tentatives de rendre le robot plus interactif, par exemple
avec de l'imagerie, pour ne pas tout pré-coder
avant ? »
OH. « Techniquement c'est possible, mais cela
ne m'intéresse pas. On me pose la question, mais, en
fait, je ne comprends pas ce besoin. Le robot qui
répond à votre question, vous le trouverez
plutôt dans les démonstrations des
musées et des expositions. »
Jusqu'où ira-t-on avec les robots ?
Q. « J'ai vu des
reportages sur cette femme-robot au Japon, qui pleure qui
exprime des sentiments quand on la touche, et cela me
bouleverse intérieurement parce qu'on a beaucoup de
problèmes aujourd'hui : on robotise beaucoup de
choses, l'être humain aussi, au niveau médical.
Jusqu'où ira-ton ? Sachant qu'on est
déjà cinq milliards d'êtres humains,
neuf milliards par la suite… comment va-t-on
conserver la dignité de l'être humain ? Et
les jeunes, et leur avenir ? Personnellement, je ne
voudrais pas vivre jusqu'à 200 ans. Cela m'interpelle
beaucoup… sans parler d'autres questions plus
profondes par rapport à la création… »
OH. « Quel est le
rôle d'un artiste ? Je ne pense pas que ce soit
de convaincre : ça c'est le rôle des
politiques. Mon rôle, c'est de poser une
question : notre société va se
transformer, on ne peut l'éviter : qu'est-ce que
l'on doit faire ? Je suis désolé, mais
c'est vous qui devez répondre à cette
question. Certains disent que le taux de chômage va
augmenter à cause des robots, mais le robot est comme
l'ordinateur : nous ne pourrions plus imaginer une
société sans ordinateur. Certains ont perdu
leur travail, c'est vrai, mais nous en avons retiré
d'autres bénéfices. Ce type d'androïde
peut être télécommandé. Donc, une
personne handicapée qui ne peut plus sortir de sa
maison peut très bien aller travailler à
l'aide de cet androïde, en restant chez elle. Les
robots, comme l'internet, peuvent servir les
handicapés. Il faut regarder le problème en
face et réfléchir. Pour cela, nous, les
artistes, devons vous proposer plusieurs
visions. »
Un étrange questionnaire…
Q. « Vous nous avez
distribué un questionnaire [NDLR : un
questionnaire de 4 pages très précis qui
demande comment on a ressenti la ressemblance ou pas de
l'androïde avec un être humain],
voulez-vous rendre les robots plus humains ? Et quel est
l'objectif de la pièce, dans laquelle le robot n'est
pas du tout humanisé. Le faciès est neutre, on
voit les mécanismes. » OH. « Notre recherche
universitaire est de savoir quelles sortes d'obstacles
doivent être levés si l'on veut introduire le
robot dans la société humaine. Comment les
hommes peuvent l'accepter ? On ne peut trouver la
réponse en laboratoire. On créé
plusieurs théâtres robotiques, et l'on
recueille les impressions du public et l'on analyse les
chiffres. Habituellement les androïdes, dans mes
pièces, sont très ressemblants. Cette fois, on
voit l'intérieur : il s'agit de savoir, du point
de vue de la recherche, si un robot qui n'a pas d'apparence
humaine peut être accepté par les hommes. Mais
il faut éviter un malentendu : je suis un
artiste, je pense à mes pièces de
théâtre avant tout, mon rôle est de
créer la meilleure uvre possible.
Q. Je n'ai pas vraiment
adhéré à la pièce. J'ai en
permanence cherché la métaphore, ou si l'on
était dans le théâtre de l'absurde. Le
seul moment qui m'a confirmé dans cette optique,
c'est quand le médecin dit à la fille que ses
parents sont “dérangés”. Je suis
insensible au personnage du robot. Mais je vais souvent au
théâtre et je sais que peut-être, demain,
je verrai les choses autrement. Même
Jérôme Kircher que j'ai vu dans des
pièces plus classiques… » JK. « Ca veut dire que
mon jeu est, du coup, différent ?
» Q. « Le contexte est
différent… » IJ. « Mais j'adore la
façon dont Jérôme joue le papa !
Evidemment, ce n'est pas la même chose que dans le Ruy
Blas, par exemple. JK. « L'improvisation n'est
pas nécessaire au théâtre. Certains
metteurs en scène le demandent et d'autres ne le
supportent pas. Avec Patrice Chéreau, ce se serait
très mal passé. Dans La Métamorphose
androïde aussi, des détails changent, mais c'est
subtil. »
Q. « Justement, si le
robot avait un peu plus d'interaction, s'il pourrait
improviser ? » OH. « Il faut savoir
de quel niveau d'improvisation on parle.
Généralement, on appelle improvisation le fait
qu'un acteur dise quelque chose qui n'est pas dans le texte
original. Je trouve que cela n'est pas nécessaire.
Quant aux comédiens, ils ne répètent
jamais la même chose chaque soir. Il peut y avoir des
décalages d'une ou deux secondes dans le jeu. C'est
ce petit décalage qui peut faire resentir le
côté humain. »
Il faut vivre l'expérience : c'est ça
la poésie…
Laetitia Spigarello rebondit sur la question
précédente : « je crois que
c'est comme si vous disiez à propos de La
Métamorphose de Kafka : je ne crois pas
qu'il soit devenu un cafard. C'est dommage : il
faut vivre l'expérience. C'est ça la
poésie ou l'écriture : d'imaginer quelque
chose qui va nous informer sur notre réalité,
par un biais qui n'est pas réel. Bien que cette
situation, se trouver face à une machine, cela va
forcément nous arriver. Je suis très
rétive à la technologie, aux machines :
je comprends bien votre peur de ne plus avoir accès
à la nature humaine. Ce travail m'a beaucoup
apporté, parce qu'on a souvent un rapport de peur,
comme s'ils allaient nous dépasser et anéantir
l'humanité. Mais on peut accepter les choses, on
prend ce chemin, la technologie est là : comment
peut-on l'accepter ? »
Q. « Mais n'est-ce pas une
façon de se rassurer, puisque le robot est une
machine et qu'il n'y a pas de
danger ? » LS. « Si, on en sait jamais
comment réagit la matière… Il peut y
avoir une panne… » Q. « Et quand on aura plus de
machine et d'ordinateur ? Et ce volcan d'Islande qui
avait bloqué toutes les avions ? Ca pose des
questions… »
[Brouhaha dans la salle, on commente les
dernières questions…] IJ. « Tout à fait, et
c'est vrai qu'au Japon les habitants sont toujours sur un
volcan… Dans cette pièce, c'est une
catastrophe, au départ : il s'agissait de voir
comment on peut ensuite recréer des liens…
malgré ce "volcan", l'important ce sont les
réactions, comment on peut continuer à
vivre. »
« Cela parle du robot, mais d'abord de
nous. »
La dernière remarque d'un spectateur :
« Dans La Métamorphose androïde,
ce sont tout de même les acteurs qui dirigent la
pièce, et il y a encore beaucoup de choses à
découvrir de l'action humaine liée à la
machine, un phénomène inéluctable.
C'est sur l'intelligence que les choses se
développeront » IJ. « Beaucoup de gens nous
demandaient ce que nous ressentons en jouant avec un robot,
mais la première question
c'est : qu'est-ce que cela me fait
d'accepter et de jouer une pièce de Hirata, qui est
un grand auteur ? Ca parle d'une transformation en
robot, mais cela parle d'abord de
nous »
Le 2 décembre à
Arras, une nouvelle rencontre aura lieu avec l'équipe
artistique après la représentation.
[am, 23/10/14 et 20/11/14] Merci à
Irène Jacob et à Pauline Arnoux pour
Myra (relations presse).
La Métamorphose androide Avec :
Irène Jacob (la mère),
Jérôme Kircher (le père),
Laetitia Spigarelli (la sur, Grete),
Thierry Vu Huu (le locataire)
et Repliee S1 (un androïde)
Texte et mise en scène :
Oriza Hirata, daprès la nouvelle de
Franz Kafka
Traduction :
Mathieu Capel assisté de Hirotoshi
Ogashiwa
Assistante à la mise en scène :
Yoko Nishiyama
Développement des androïdes :
Hiroshi Ishiguro
Scénographie :
Itaru Sugiyama
Son :
Yuta Senda
Lumières :
Aya Nishimoto
Production et soutiens
Production Agora Planning, ltd. Seinendan Theater
Company / the University of Osaka / ATR Hiroshi
Ishiguro Laboratory // Production
déléguée Festival Automne en
Normandie // Co-production Taipei Arts Festival /
Centre Dramatique National de Haute-Normandie / Le
TAP - Scène Nationale de Poitiers / Espace
Jean Legendre, Compiègne &endash;
Scène Nationale de lOise en
préfiguration // Co-organisation Kinosaki
International Arts Center, KAAT (Kanagawa Arts
Theater) // avec le soutien de lAgence des
Affaires Culturelles du gouvernement du Japon / de
la Japan Foundation / de lONDA - Office
National de Diffusion Artistique / de
lInstitut Français du Japon / de
lArts Council Tokyo.
> La Métamorphose Androïde a
été jouée :
- au Japon au Kinosaki International Art Center (au
nord-ouest de Kyoto) les 3 et 4 octobre 2014,
- à Yokohama du 9 au 13 octobre,
- le 7 novembre à Budapest, puis en France :
- à Rouen les 12, 13 et 14 novembre à
Rouen, - à Poitiers les 18 et
19 novembre - à Compiègne
le 27 novembre,
- à Arras
les 2, 3 et 4 décembre
En 2015 : tournée prévue au Japon
été 2015
et en août en Malaisie, à confirmer.
Le metteur en scène
Oriza Hirata, né à Tokyo, est dramaturge
et metteur en scène. il dirige la compagnie
Seinendan. Professeur du Centre Universitaire d'Osaka et
directeur artistique du Centre culturel de Fujimi. Auteur
d'une trentaine de pièces, il a déjà
créé en 2012 une version androïde des
Trois Surs d'après Tchekhov.
Si l'on a cité beaucoup d'exemples de
précédents en littérature ou au
cinéma [cf article du Figaro
ci-dessus], notons que le sujet de la transformation et
du changement de relations affectives qu'elles
entraînent a été abordé
récemment au cinéma en 2014 avec Transcendance
[film de Wally Pfister avec Johnny Depp, Morgan Freeman
et Rebecca Hall] : la mutation est ici volontaire
mais va encore plus loin, la conscience de l'homme
étant injecté dans un ordinateur, d'où
il contrôle d'ailleurs des…
androïdes ! La “veuve” doit y revoir
sa relation avec un mari virtuel mais bien conscient et on
ne peut plus interractif [il étend sa conscience
sur le réseau internet].