Irène Jacob et Jérôme Kircher dans “Je sais qu'il existe…” - © Emmanuel Robert Espalieu/Théâtre de l'Atelier
Irène et le “Fou du roi”
“Romain Gary, ce n'est pas intellectuel, c'est un plaisir total”
2005 - France Inter

Le 21 mars 2005, l'émission Le Fou du Roi de France Inter accueille Irène Jacob. Extraits. Guy Carlier, Stéphane Bern, Willy, Trinidad prendront tour à tour la parole pour présenter ou questionner l'actrice, aussi nous annoterons l'ensemble de ces interventions FDR. et les réponses de la comédienne : IJ.


Petite présentation d'Irène Jacob :dDepuis qu'elle a déclaré dans la presse « s'il m'arrive d'être drôle, c'est souvent malgré moi », elle passe pour une actrice abonnée aux rôles difficiles. Quelques mots sur son éducation dans une Suisse calviniste, ses apparitions dans des spectacles musicaux (Perséphone de Stravinski ou Jeanne au Bûcher à Palerme). Irène Jacob précise qu'elle vient tout de même d'une famille huguenote (et que le culte du village se déroulait au salon dans la maison de vacances).
FDR. Mais enfin, c'est vrai que vous êtes marquée “actrice intello”, non ?
IJ. [Elle souffle] « Peut-être… enfin, je ne sais pas si j'en fais partie ! On a besoin de vous repérer dans une catégorie, l'une ou l'autre ».
FDR. Par exemple, même si la pièce à l'Atelier est dans le rire et la loufoquerie, ça reste Romain Gary, quand même ?
IJ. « Pour moi, un livre de Romain Gary, ce n'est pas intellectuel, c'est un plaisir total : quand je le lis, je souris, je ris, j'ai le cœur qui se serre, et il y a un plaisir du texte énorme, cette façon de tourner les phrases et de retourner les sentiments ; c'est un plaisir de langue mais aussi de la tendresse humaine, de l'observation »…
FDR. C'est une pièce géniale et très triste en même temps, sur le désarroi dans les grandes villes, l'incapacité à s'endormir le soir ; le fait d'avoir comme compagnie uniquement la radio… C'est pas mon genre de craquer pour les comédiennes sublimes comme Irène Jacob mais là j'ai craqué parce qu'elle joue un rôle… on y croit : elle se met à chanter, on y croît, elle s'attache à un python, on y croit et tout cela est doux et touchant à regarder. Ce n'est pas uniquement une pièce sur la solitude mais aussi sur la dépression. [Et de citer les pays que Cousin s'invente à chaque étage de son voyage en ascenseur, et les amours impossibles avec Mademoiselle Dreyfus… on ira même jusqu'à évoquer Péguy…]
Enfin on demande à Irène Jacob d'expliquer la genèse de Je sais qu'il existe…
IJ. « C'est parti de l'envie de travailler avec Benoît Delbecq, musicien, sur un spectacle musical, mais qui ne soit pas une “comédie musicale”, et de -comme le disait Romain Gary-- “chercher là où ça chante…” »…
[am, 22/03/05]