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Par-delà les Nuages
Une jeune femme très détachée
1996 - France, Italie, Allemagne - 105'

C'est un film à stekches, le ciment en est la déambulation fantomatique du narrateur (John Malkovich). Dernière étape du parcours : "Un corps de boue" (environ 18 minutes), avec Irène Jacob et Vincent Perez.

Près de ce narrateur, un jeune homme passe devant une porte cochère d'Aix-en-Provence. Une jeune fille sort à ce moment. Il l'avise, la rattrape et lui parle, tentant de la séduire. Pendant les quelques minutes suivantes, nous les suivons à travers les rues de la vieille ville, jusqu'à une église. A toutes les questions du garçon, elle répond avec politesse, patience et …détachement. Il y a bien quelques indices dans ses réponses, que nous ne découvrirons que rétrospectivement. Elle entre à l'église, prie, il s'assied un peu à l'écart puis… s'endort. Après cette coïncidence, pourquoi pas une deuxième rencontre ? Il la retrouve effectivement au pied d'une fontaine. Puis il pleut : c'est là que cette jeune fille qu'on a vu si calme court et glisse en riant, prenant corps. Enfin, elle arrive chez elle, ouvre la porte de l'immeuble qu'elle ne referme pas. Lui la suit, monte l'escalier derrière elle, la rejoint sur le dernier pallier où est sa chambre. Echange de regards et de sourires, hésitation du jeune homme, phrase lancée : "Pourrais-je vous revoir demain ?" Elle : "Demain, je rentre au couvent". Le temps se fait très long, Vincent Perez hésite, redescend rapidement avec le poids de cette révélation… Encore une collaboration avec un grand du cinéma. Antonioni est âgé, il tourne encore (même si l'assistance de Wenders donne lieu à des commentaires sévères de la presse allemande (Tip, par exemple, allant jusqu'à le traiter de "détrousseur de cadavres") (!), mais la critique internationale sera plus perspicace…).
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Par-delà les Nuages

"Beyond the Clouds"/"Al di là delle nuvole"
Avec : Inès Sastre (L'institutrice), Kim Rossi-Stuart (Le voyageur), Sophie Marceau (La fille de Portofino), John Malkovich (Le cinéaste), Fanny Ardant (La femme), Chiara Caselli (la maîtresse), Peter Weller (l'Américain à Paris), Jean Reno (Le mari délaissé), Irène Jacob (l'inconnue), Vincent Perez (le dragueur), Jeanne Moreau, Marcello Mastroianni…
Réalisateur : Michelangelo Antonioni - Co-réalisateur : Wim Wenders - Scénario : Michelangelo Antonioni & Tonino Guerra
Production : Sunshine, Ciné B, France 3 Cinéma - Distribution : Pan Européenne - Directeurs photo. : Alfio Contini & Robby Müller - Son : Jean-Pierre Ruh & Vincent Arnardi - Montage : Claudio Di Mauro, Michelangelo Antonioni, Peter Przygodda, Lucine Segora
Prix de la Critique au Festival de Venise 1995.
Extérieurs : Aix-en-Provence (France), Portofino, Comacchio (Italie) novembre 1994
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Elle a dit… "Mon personnage est une énigme. Comme toutes les femmes d'Antonioni. Et les hommes cherchent la clé pour les comprendre (…) C'est toujours l'histoire de cadeaux qui sont faits par les femmes et que les hommes savent prendre ou pas." (Télérama - 01/96) A propos de Kieslowski et Antonioni: "They're completely different; they're, like Wim Wenders also, great directors. There's a great research to explain something they feel and is hard to explain... They find a very special way to tell it, very personal, very sincere." (Venice Film Festival 1995 - Venezia On Line)
Ils ont dit… "…marqué au sceau du génie de Michelangelo Antonioni. LA SOLIDARITE d'une équipe a permis de mener à bien cette oeuvre exceptionnelle, réalisée dans des conditions "limites". "Circulation dans la ville, station fervente au temple, chemin du retour, jusqu'à la révélation du destin que s'est choisi la jeune femme. Sujet que guetterait la gravité, voire la niaiserie, mais transfiguré par une mise en scène dynamique et légère. Cet épisode, le seul à ne pas comporter de scène de nu, n'est pas moins sensuel que les autres." (Le Monde du 25/01/96) "Irène nous fait cela de façon admirable, tombant de tout son long sur le pavé de manière si convaincante qu'à chaque fois, on a peur pour elle. Elle est (...) une actrice née, son jeu va tellement de soi, il est si peu alteré par le trac et si précis, qu'il donne toujours l'impression de la plus grande simplicité et du plus grand naturel. Même lorsque les choses deviennent difficiles ou désagréables, comme par exemple cette chute sous la pluie, elle parvient à nous faire croire que rien au monde n'est plus facile". (Wim Wenders, Journal de tournage) "A Aix, dans la rue Cardinale, j'ai remonté vers Saint-Jean, retrouvé les fontaines dont le bruit résonnait dans le réseau des ruelles. Il n'y avait plus ni Vincent Perrez ni Irène Jacob, mais deux acteurs qu'on ne voit pas tout à fait sur la pellicule : la chaleur du soir tombé, et l'odeur des plantes méditerranéennes. Ne pas oublier de les rajouter à votre prochaine vision du sketche du " Corps de boue ". (am)
Voir aussi… le "film du tournage": Fare un film per me è vivere (To Make a film is to be alive…) - 1996 - France, Italie, 59 min. Sceneries Entertainment - 2000 - NTSC.