Irène Jacob et François Ripoche - DR (doc. Irène Jacob)
Les Trous d'air
Attention, zone de turbulence !
2012 - France - environ 1h

Des textes (en partie inédits) de Roland Topor, une actrice qui chante (Irène Jacob) et un musicien (François Ripoche) Cette « adaptation de textes (partiellement) inédits de Roland Topor », dans un spectacle conçu et joué par Irène Jacob et le musicien François Ripoche en février à Blois et Evry, et à Bourges les 21 et 22 mars 2012. « Attention, avertissons les passagers qu'ils viennent d'entrer dans une zone de turbulences qui risque de les projeter sans ménagement d'un trou dans un autre, y compris celui de la sécurité sociale ». Roland Topor

Un spectacle sur le thème de la perturbation

Perturbation de la forme, du texte, du récit… et du spectateur. La musique de François Ripoche (saxophone, batterie, sampler…) et la voix d'Irène Jacob oscillent entre énergie et délicatesse, « sur le fil ». François Ripoche, de formation classique et jazz, est leader du groupe Francis et ses peintres, il a travaillé avec Melvin Van Peebles, le sound designer Tu Duu-chi, Pierrick Sorin, Steve Potts, Katerine… Roland Topor (1938-1997), célèbre pour son humour noir et décapant a travaillé pour Hara-Kiri et Elle, a co-écrit La Planète sauvage avec René Laloux (Prix spécial du jury à Cannes), a écrit Le Locataire chimérique (adapté au cinéma par Roman Polanski), a collaboré avec Jean-Michel Ribes et Henri Xhonneux et écrit plusieurs pièces de théâtre dont L'Hiver sous la table, signé la mise en scène, les décors et costumes d'Ubu roi (Chaillot, 1992), etc.
Merci à Anne-Sophie Desvergée (Théâtre de l'Agora, scène nationale d'Evry et de l'Essonne) et à Irène Jacob.

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Les Trous d'air

Spectacle porté par Akousma (Nantes) et coproduit par :
  • Le Grand R, Scène nationale de La Roche-sur-Yon
  • La Halle aux Grains, Scène nationale de Blois
  • Maison de la Culture de Bourges/Scène nationale, avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication, la région Centre, le conseil général du Cher, la ville de Bourges
DR
Irène Jacob et François Ripoche - DR (doc. Irène Jacob) Irène Jacob et François Ripoche : The Artists… à Evry, le 17 février 2012 © alain martin Les Trous d'air (2012) Spectacle porté par Akousma (Nantes) et coproduit par : - Le Grand R, Scène nationale de La Roche-sur-Yon - La Halle aux Grains, Scène nationale de Blois - Maison de la Culture de Bourges/Scène nationale, avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication, la région Centre, le conseil général du Cher, la ville de Bourges…

Février 2012 : Escale en Essonne pour les Trous d'Air

J'arrivai à l'heure grâce à la bienveillance d'Irène Jacob : plan d'accès détaillé en venant du RER D, impossible de la rater (la salle). Au programme, dé-sta-bi-li-sa-tion des spectateurs, c'est bien cela ? Topor s'y entend, même si ses oreilles ne sont plus de ce monde, on pourrait même le qualifier de spécialiste de la question. Alors, attention : Trous d'air. Au cours de cette soirée, Irène Jacob (tiens, mais ce n'est pas Bernadette Laffont ?… déjà les repères se brouillent dans la file d'attente) mettra toute son énergie (jusqu'à simuler la folie !) et François Ripoche tout son rythme (saxo, claviers, batterie…) pour incarner ensemble un étonnant personnage, cet être vil « à peine humain, la bave aux lèvres, la morve au nez et le sexe à l'air » …et pire encore. Un rôle de composition, vous l'imaginez bien, pour la comédienne et le musicien. Rapidement, nous plongeons dans les pensées de cet alter ego de Topor, sans doute, qui s'y entend en rêve (« c'est bien simple, je ne sors plus de mon lit ») et en solitude. Mais, est-il vraiment seul, ce cousin de M. Cousin, dans cet appartement sens dessus dessous, jonché de mégots, de bouts de verre, de croûtes de fromage ? Topor, polonais d'origine, débouche la vodka et casse-croûte au caviar en soliloquant… « Mais est-ce que je suis seul ? J'appelle : il y a quelqu'un ? Personne ne répond : pas si fou ! » Tiens, par exemple, Topor et ses interprètes tordent le cou à une histoire des plus banales, un scénario archi-classique : celui d'un quadra qui tombe amoureux d'une jeunette et quitte sa femme pour refaire sa vie avec l'étudiante… déjà repartie. Oui, mais non, vous n'y êtes pas… : car on s'aperçoit à la chute de l'histoire que l'étudiante et le quadragénaire ne sont pas du tout ces personnages qu'on croyait connaître par cœur (on ne vous raconte pas la suite, attention : Trou d'air). Déstabilisation, vous dis-je. Soyons clairs : on n'est pas fou comme cela, du jour au lendemain, « parce que la lune est entrée par la fenêtre » ou « parce que ça fait bien » : la folie, ça se mérite : « il faut faire l'effort qui va avec » Démonstration sur scène, à la Topor, ce qui nous vaut un mémorable et interminable « Non, non, non ! non ! non ! [etc.] » par Irène. Irène Jacob qui s'encadre, se décadre et sort du cadre pour raconter une curieuse rencontre : « à force d'entendre parler de moi, je rêvais de me connaître; et une amie commune a proposé de nous présenter… » Il y a encore l'enterrement d'un vieux pull et d'une paire de chaussures, activité qui peut s'avérer grégaire et lucrative, la création d'un drôle de Centre d'Art contemporain à Marne-la-Vallée, et j'en passe.
On se dit en passant qu'une petite mélancolie désuète pourrait bien lier les années Topor de la Planète Sauvage et du Locataire chimérique (repris par Polanski) aux lignes déjà datées du centre commercial tout proche d'Evry 2 (inauguré en 1975) !
Sur la scène du Théâtre de l'Agora, plongée pour l'essentiel dans la pénombre, claviers, batterie, et même un vieux pick-up accompagnent paroles et musiques : Irène et François nous offrent le « boogie-woogie de la matière en désintégration » à partir d'un simple comprimé d'aspirine effervescente, puis se trouvent embarqués dans une rumba tournant autour de : « Guatemala-là où ça me démange ! » et concluent par l'air… des Trous d'Air ! Le public suivait-il ? A Evry, dans la grande salle du Théâtre de l'Agora, haute et bien garnie, difficile de répondre ca-té-go-ri-que-ment… mais, et c'est déjà beaucoup, c'est une assistance partagée quittait la salle et… discutait : n'est-ce pas l'essentiel ? A suivre, dans d'autres villes, on l'espère.
[am, 19/02/12]
Merci à Irène Jacob pour la photo et l'accès à la salle