Le journal d'Anne Frank :

« Chère Kitty… »

L'enregistrement du Journal d'Anne Frank, en juillet 2011 - © Audiolib

Quelques heures avec Anne Frank… et Irène

Les deux CD du coffret comprennent la lecture intégrale (en .mp3) de l'édition « disponible au Livre de Poche ». Le Journal d'Anne Frank , découpé en 42 pistes d'environ 15 minutes, est précédé d'avant-propos et de notes, suivi d'épilogue et de postfaces qui détaillent la vie des Juifs aux Pays-Bas pendant l'occupation, l'histoire de la famille Frank, de leur cachette, et la préservation puis la publication du Journal

> Extrait sonore (© Audiolib)
> Anne Frank sur le site Audiolib

Anne explique l'origine du texte : « me voici arrivée à la constatation d'où est partie cette idée de journal : je n'ai pas d'amis. Rien ne me manque, sauf l'ami avec un grand "A".» Ce journal est donc en premier lieu celui d'une jeune fille solitaire, même si ce témoignage du quotidien d'une famille juive, cachée entre 1942 et 1944, est devenu emblématique des « victimes des idéologies racistes ».

Ci-dessous, notre parcours sur les pistes du double CD d'Audiolib.

Irène Jacob prête son grain de voix et ses intonations (certainement familiers aux habitués de notre site) à pas moins de douze heures de récit. Il y a là cette manière de dire d'Irène : on écoute et l'on s'irriterait presque de l'entendre susurrer, presque : « Mon père, le plus chou de tous les petits papas… », on esquisse un sourire quand elle [Anne] parle de « devenir une grande bringue toute desséchée… »… Plus tard, quand l'énumération gentille de ses cadeaux d'anniversaire (parmi lesquels elle a trouvé le carnet où elle écrit ce journal « toi que j'ai vu en premier, peut-être l'un de mes plus beaux cadeaux… ») cède la place aux énumérations des « misères des Juifs », la voix reste claire, mais les faits s'assombrissent : « les Juifs doivent porter l'étoile jaune, les Juifs doivent rendre leur vélo, les Juifs ne peuvent prendre le tram… les Juifs ne peuvent faire leurs courses que de 3h à 5 heures, … » et la liste est longue.

« Les Juifs n'ont pas le droit de fréquenter les théâtres, les cinémas et autres lieux de divertissement… »

Les lettres se suivent, et la voix d'Irène, imperturbable (alors que le destin d'Anne est en marche), commence chaque nouvelle lettre de la même manière : « Chère Kitty… »
Après tout, on ne doit pas s'attendre à être surpris des éclats de la lectrice ; si Anne s'est relue, ce devait être à voix basse, dans la cachette, et c'est plutôt l'accumulation des inflexions, qui épousent les détails de la journée, suivent les découvertes et impressions quotidiennes d'Anne, qui comptent et construisent peu à peu le récit.
Difficile de prononcer le mot naïveté dans le contexte, mais en tout cas, la fraîcheur du regard de la jeune Anna est, lettre après lettre, confronté à la réalité. La forme du Journal, sorte d'autoportrait, cultive lentement la sensibilité des lecteurs. Avec la patience qu'elle sait avoir, Irène Jacob est le Petit Prince chargé de nous apprivoiser…
Mais au fait, Anne est-elle consciente des dangers et des drames qui se multiplient autour d'elle ? Une phrase suffit à nous éclairer ; quand une convocation des SS arrive pour son père, elle écrit : « je voyais déjà le spectre des camps de concentration et des cellules d'isolement…» Finalement, c'est sa sœur Margot, 16 ans, qui lui apprend que la convocation n'est pas pour le père mais pour elle !

[am, 07/11/11] - Merci à Valérie Lévy-Soussan pourAudiolib.

Encore plus loin…

L'avant-propos précise qu'Anne Frank écrivit ses lettres pour elles seules, avant d'entendre le ministre de l'Education du gouvernement néerlandais en exil dire qu'il faudrait, après la guerre, rassembler tout ce qui témoignerait des souffrances du peuple néerlandais, ce qui l'incita à publier ses récits. Après l'arrestation de la jeune fille, les manuscrits furent remis à son père, Otto, qui décida d'exaucer le vœu de sa fille qui recopié les éléments de son journal dans le but d'en faire un livre. Puis vient l'historique des différentes versions, des coupes, des censures… jusqu'à la constitution de cette nouvelle version revue par Mirjam Pressler à partir du texte établi par d'Otto Frank. Les textes d'introduction et les postfaces sont lus par Pierre Tissot (un spécialiste de la voix-off).
Les informations sur Anne Frank ne manquent pas. On trouvera ici, mais ce n'est qu'un exemple, une fiche assez concise et illustrée :
> > > Anne Frank par Natanson

Le Journal d'Anne Frank (2011)
2 CD, 12 h d'enregistrement, 48 pistes :
- Avant-propos
- Note sur la présente édition
- Le Journal d'Anne Frank (Pistes 3 à 25 du CD1 et 24 à 44 du CD2)
- Epilogue
- Postface
Nouvelle traduction (© 1991-2001) adaptée du néerlandais par Nicolette Oomes et Philippe Noble…
Irène Jacob lit le Journal
Pierre Tissot lit l'avant-propos, l'épilogue et la postface (texte d'Otto H. Frank et Mirjam Pressler)
Réalisation sonore : LunaBlue productions.

Alors, pourquoi Irène ?

Valérie Lévy-Soussan, d'Audiolib, a bien voulu répondre pour IreneJacob.net à la question qui s'imposait : pourquoi avoir choisi Irène pour ces enregistrements ?
« de longue date admiratrice d'Irène Jacob, découverte grâce à Kieslowski », elle précise les circonstances : « j'ai entendu parler de sa lecture d'œuvres d'Irène Nemirowski, au Mémorial de la Shoah : comme nous avions depuis un moment l'idée d'éditer « Le bal », nous avons pensé qu'elle serait l'interprète idéale pour cette lecture, sa voix claire possédant infiniment de nuances de jeu et de sensibilité. »
C'est Nadine Eghels, responsable de l'association Textes et voix, qui servit d'intermédiaire. Puis, Audiolib venant d'acquérir les droits pour Le Journal d'Anne Frank auprès de la fondation Anne Frank, Valérie Lévy-Soussan raconte la suite : « Nous avons été si impressionnés par l'enregistrement du Bal, et par le contact avec Irène Jacob, que nous lui avons immédiatement proposé d'interpréter une autre adolescente et personnage plein de subtilité, Anne Frank […] Inutile de vous dire que les ayants droits ont été extrêmement enthousiastes à cette idée. »

[Merci à Valérie Lévy-Soussan]
© Audiolib

> Plus sur la lecture du Bal.