Un projet alléchant : huit histoires, huit réalisateurs pour un récit commun, mais avec des personnages vivant dans huit différentes périodes de l'histoire récente du Mexique… dans la même pièce : la Habitacion!
Les différents récits se font écho, les transitions sont subtiles, d'un épisode à l'autre. La Habitacion est donc bien un film à découvrir.
Ángela Galibert, incarnée par Irène Jacob, revient dans la maison, après 35 ans passés à Paris. Belle et élégante femme en robe verte, elle retrouve avec émotion la domestique toujours là, dans cette demeure dont Ángela veut pourtant se séparer : trop de souvenirs ici.
Ángela organise la visite pour un colonel, éventuel acquéreur. Dans le calme du grand salon, la femme et l'homme s'observent, ne parlent presque pas. Elle lui offre un thé, et lui une cigarette, qu'il allume comme dans un instant suspendu.
La photographie, avec une longue focale, une atmosphère verdâtre, créée des portraits oniriques d’Ángela et Alfredo.
A plusieurs reprises, les miroirs de la pièce semblent nous donner un éclairage sur le passé d'Ángela. Est-ce elle que l'on voit, trente-cinq ans auparavant, observée par un adolescent, dans cette salle de bains dont elle propose aussi la visite au colonel ? Ce colonel-là et l'adolescent ne sont-ils qu'une seule et même personne ? Cela pourrait-il expliquer l'intensité de leurs regards, leurs gestes comme magnétiques, la démarche presque somnambule d'Ángela, l'air plus que songeur du colonel qui suit sa robe verte et sa nuque ? Un instant, on croit comprendre, et puis la scène reprend… Autre.
Une bien belle découverte, décidément, que ces séquences avec Irène Jacob, au coeur d'un récit hypnotique.

[am, 15/02/19]

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