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Mais pourquoi Kieślowski dans le désert ?

En 2024, sous la “marque” de l’éditeur c/o Irenka, www.IrenKa.com et www.Kieslowski.eu s’associent aux efforts de l'équipe Gaz-O-Lino sur le 4L Trophy, raid solidaire qui aura lieu en février 2024, destination le Maroc. Mais pourquoi le logo c/o IrenKa sur Gisèle-la-4L ? Le voyage et la mécanique : deux sujets qu’on peut facilement relier au travail de Kieślowski, réalisateur polonais. Explications.

Illustration © alain martin, photogrammes : DR

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Plus sur les Gaz-O-Lino

Pourquoi le voyage ? Quand les passeports étaient rares…

Lorsque nait K. Kieślowski, en juin 1941, la Pologne est une fois de plus envahie (par l’Allemagne). Puis le pays est annexé par le bloc U.R.S.S. après Guerre. Dans les années 1960 et 1970, Krzysztof Kieślowski commence sa carrière de documentariste (avec tout de même quelques fictions), et le voyage tient souvent plus du fantasme que de la réalité pour les Polonais ! Pour se rendre “zagranicę” [à l’étranger) il faut alors passeport et visa difficiles à obtenir auprès des autorités soviétiques… et surtout des moyens (l’économie est affaiblie par la planification de la “République populaire de Pologne”). Son statut de cinéaste reconnu internationalement aide Krzysztof à voyager… plus même qu’il ne l’aurait souhaité !
Dans son enfance, le jeune Krzysztof voyage surtout dans les camions de déménagement qui mènent son père malade et sa famille d’hôpitaux en sanatoriums, dans la Pologne de l’Ouest et du Sud de Varsovie. C’est un lecteur boulimique qui rêve d’évasion plus qu’il ne se meut, tout comme ses personnages…
À la fin de sa carrière trop courte, Kieślowski collabore à de nombreux stages de formations d’écriture, de comédie et de réalisation, et voyage dans toute l’Europe jusqu’en 1996, date de son décès.
Tout au long de l’année, nous vous apporterons des éclairages sur le Voyage dans sa filmographie. Un film marquant sur le sujet, au premier degré, est “Avant le rallye”, documentaire de 15 minutes qui raconte les préparatifs difficiles d’une petite équipe polonaise pour l’épreuve de Monte-Carlo ! Dans ce film (qui a un peu vieilli %-), l’équipe polonaise abandonnait au bout de 5000 km… Mais pas question pour Gisèle-la-4L et les “Gaz-O-Lino” !

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Voir “Przed rajdem” (Avant le Rallye), documentaire noir et couleurs de 1971.

Pourquoi la mécanique ? Il démonte une moto sur son lit !

Alors justement: la mécanique… Si vous n'avez jamais lu de biographie de notre cinéaste, sachez que, enfant balloté lors de ces nombreux déménagements, il est un temps tenté par la conduite des machines à vapeur, passe par un stage dans une unité de pompier… Ce qu’aime Krzysztof, c'est sûr, c'est se servir de ses mains, bricoler, et dès qu’il le peut, il passe du vélo à la moto. Il sollicite ses amis d’adolescence pour lui trouver des pièces de rechange, dévore les revues spécialisées, sait tout des marques et des performances des deux roues, et va même jusqu’à s’attirer les foudres de son logeur en démontant entièrement une moto… sur une couverture, dans sa chambre !
Devenu le Kieślowski mondialement célébré, il continue de bricoler (il a d’impressionnantes panoplies d’outils, qu’il n’hésite pas à prêter). Sur les tournages, on le surnomme “l'ingénieur”, car il maîtrise vraiment toutes les techniques d’un cinéma encore en traditionnel : pellicule, montage, son, décors… il a tout dans la tête.
On l'a qualifié dans un célèbre article de “vivisecteur” . Car il filme de plus en plus près, scrute ses personnages, les comédiens qui les incarnent, leurs gestes, leur âme… et s'il avait pu démonter la mécanique pour voir “ce qu'il y a là-dessous”, il l'aurait fait !
Kieślowski s’occupe aussi de sa voiture, qu’ïl utilise même pour les voyages Varsovie-Paris sur des tournages où l’on était prêt à prendre en charge ses déplacements par d’autres moyens.
Quand il annonce sa… retraite anticipée, il n’a pas 64 ans mais dix de moins ! Mais le travail l’a usé, et, en conférence de presse, il explique plusieurs fois qu’il va se retirer dans sa maison de Mazurie et couper du bois… Après plusieurs alertes cardiaques, la machine lâche, sur la table d’opération, en mars 1996.
Dans ses dernières années, le réalisateur exprimait des regrets : avoir consacré sa vie au cinéma et, peut-être, être passé à côté de la Vie. Il s’est malgré tout distingué par les aspects humanistes de sa filmographie, par l’attention aux autres témoignée quasi unanimement par ses proches et collaborateurs.
Associer Kieślowski à un projet humanitaire, d’endurance et de découverte réservé aux jeunes de moins de 28 ans, jusqu’au Maroc, n’est donc pas une lubie. Kieślowski est encore reconnu sur tous les continents (on a vu Juliette Binoche et July Delpy, deux de ses actrices, au Festival du cinéma de Marrakech, ces dernières années). Partant du particulier, de l’observation de la vie dans la Pologne de la deuxième partie du XXe siècle, Kieślowski a réussi à rendre palpable l’universel, et touche les uns et les autres, encore aujourd’hui.
Longue vie à son cinéma Kieślowski, et bonne préparation et bonne route à Gisèle-la-4L et l’équipe des Gaz-O-Lino.

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Voir quelques photos d'archives de Kieslowski
© Archiwum Twórczości Krzysztofa Kieślowskiego (Sokołowsko)

Pourquoi un équipage féminin ?

Lors de la préparation de la grande rétrospective à la Cinémathèque (de Paris) fin 2021, nous avons échangé avec MK2 (qui a produit les films de Kieślowski en France) sur les personnages féminins et plus généralement sur le mode de traitement de la Femme dans son cinéma. Le cinéma et le quotidien des Polonais des années 60 à 80 n’est pas vraiment féministe, et les films de Krzysztof, liés à ses racines et à l’observation de la société polonaise, nous livrent une image plus que traditionnelle des rapports hommes-femmes ! Les hommes sont chefs de famille ou meneurs de fronde, fument et discutent beaucoup, tandis que les femmes se font discrètes, logent ou préparent la cuisine (j’ai toujours en tête le cas la femme de Witek –dans “Le Hasard”– qui débarrasse la table après le départ tardif des invités tandis que son mari s'assied et fume…), à moins qu’elles soient séductrices [cliché : ha, ces Polonaises !]…
Un seul point d’égalité ; tout le monde se retrouve à l’usine, dans les queues des magasins mal approvisionnés, dans les transports en commun aléatoires… ou en grève !
Mais dès les films comme Przypadek (Le Hasard) (1981, sorti en 1987) ou Bez konca (Sans Fin (1985), on trouve de beaux personnages de femmes : elles sont combatives, nuancées, elles prennent le volant et les décisions ! Ce sera presque systématique dans Dekalog (Le Décalogue) (1988), avant La Double vie de Véronique (1991) et enfin “Les Trois couleurs” : Bleu, Blanc, Rouge, une trilogie où les femmes ont la part belle. On peut voir à ce sujet le compte-rendu des balades que nous avions organisées à Paris en 2021 sur le thème Les Héroïnes de Kieślowski. Mais on s'égare…
Donc, oui, IrenKa.com est fier.e de soutenir l’équipe féminine “Gaz-O-Lino” sur le 4L Trophy 2024  !
D'autres informations à venir en février…

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Véronique dans sa voiture (une Renault !) à la fin du film
“La Double vie de Véronique” - © MK2


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K. Kieślowski, courte bio’

Krzysztof Kieślowski est né le 27 juin 1941 à Varsovie. Il alterne documentaires et fictions dans la Pologne socialiste, puis est révélé au monde “occidental” au Festival du Film de Cannes en 1988. Il tourne en France “La Double vie de Véronique” (1991) puis la trilogie “Trois couleurs : Bleu, Blanc, Rouge” (1992-1994) : quatre films avec des bagnoles ! Le coeur lâche en mars 1996.
Kieślowski laisse une centaine de films et son cinéma exigeant, lucide, l’inscrit parmi les grands classiques à voir et revoir.
En savoir plus sur sa vie et son œuvre :

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